Echos littéraires
Le Roman de la Rose
Guillaume de Lorris / Jean de Meun
Il y avait des pommiers, je m'en souviens bien, qui portaient des pommes-grenades : c'est un mets bon pour les malades. Il y avait grande abondance de noyers, qui donnaient en la saison des fruits semblables aux noix de muscade qui ne sont amères ni fades. Il y avait grande profusion d'amandiers, et on avait aussi planté dans le verger maint figuier et maint beau dattier ; au besoin on aurait trouvé dans le verger des clous de girofle et de la réglisse, mainte bonne épice comme de la graine de paradis nouvelle, de la zédoaire, de l'anis et de la cannelle et mainte autre épice délectable, qu'il fait bon manger à la fin du repas. Il y avait dans le verger des arbres de chez nous qui portaient des coings, des pêches, des châtaignes, des noix, des pommes et des poires, des nèfles, des prunes blanches et noires, des cerises fraîches et vermeilles, des sorbes, des alises et des noisettes.
